Lundi 8 octobre- Nourrir l'Homme- Nourriture matérielle et immatérielle

Publié le par Résumé- soirée du 8 octobre- banques alimentair

 

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Bernard DANDREL, directeur d’une agence bancaire mutualiste alors  qu’il est promu en 1975 responsable du développement des Agences du Crédit Mutuel sur le secteur  Perche, fait le choix avec son épouse Monique de stopper sa carrière prometteuse de « banquier » pour se consacrer aux plus démunis, c’est ainsi qu’il fut professionnellement chargé de gérer le Secours Catholique du département d’Eure et Loir, puis il s’en alla pour le siège parisien et là  en 1984 Bernard fonde la première « Banque Alimentaire Européenne ».

 

 

 

Bernard Dandrel fut le premier président de la Fédération Française des Banques Alimentaires en 1986, il contribua à la création de la Fédération Européenne dont il fut son président de 1994 à 2006. En 2007 on pouvait noter l’existence de 188 banques alimentaires réparties dans 17 pays d’Europe. Il est aujourd'hui Président d'Honneur.

 

« Notre Père que ta Volonté soit faite ».

 

Membre des Equipes Notre Dame avec mon épouse Monique, nous avions le Devoir de nous asseoir. Le Devoir de S’Asseoir (DSA ) est l’un  des sept points ( les autres points étant :  Prier en famille, faire une retraite annuelle le temps d'un week-end, prier personnellement tous les jours,  lire l'évangile assidûment , s'entraider entre couples, se tenir à une règle de vie définie chaque mois) concrets d’effort ou d'orientation de vie préconisés par le Mouvement des Equipes Notre Dame : il s’agit pour le couple de faire le point dans un dialogue respectueux, une fois par mois.

 

En mai 1975, à l’occasion de ce devoir, Monique me dit : «  je crois que si tu mettais autant d’énergie pour le service des pauvres que tu en mets pour le service bancaire, il y aurait moins de misère. Je te verrais bien permanent au secours catholique ».

 

Au début, je suis assez réticent à cette idée. Les vacances passent. En septembre, après réflexion, je me dis que cette idée est peut être celle du Seigneur. J’écris alors une lettre afin de poser ma candidature pour Paris. Réponse négative à ma grande satisfaction.

 

Mais au mois de janvier, je reçois une proposition de poste pour prendre la délégation de Chartres.

 

 

Un peu comme Saint Thomas, je voulais des preuves. Nous avions acquis récemment une maison de campagne, nous devions du coup trouver un locataire et rechercher une maison à petit loyer. J’ai reçu une réponse positive à tout ce que j’ai demandé au Seigneur.

 

Par la prière, j’ai été libéré de mes peurs. En juillet 1976, je démissionne de mon poste et nous sommes partis à Chartres.

 

Je rencontre alors la pauvreté au quotidien.

 

Et là, il faut faire un acte de foi. « Seigneur, c’est toi qui me rend visite » ;

 

En 1978, ma femme Monique présente des signes de la maladie de charcot. Chemin difficile, mais nous avons été très entourés humainement et spirituellement.

 

Le 23 octobre 1980, Monique décède.

 

Six mois avant, avec Nicole, une amie, nous créons une communauté à Chartres « les compagnons du partage » sur le modèle d’Emmaüs qui est à la recherche d’un animateur.

 

C’est Pierre PRADOT, prêtre ouvrier, qui répond à cet appel et vient habiter avec les compagnons.

 

En janvier 1982, ou un peu plus tard le Secours catholique me propose de prendre la délégation de Paris (48 salariés une trentaine de bénévoles).

 

 

Pas question pour moi, c’est trop important. Je m’en remets au Seigneur : « Seigneur qu’est ce que tu désires ? »

 

Avec Nicole, responsable de la communauté du partage et Pierre nous avons  pris l’habitude de prier ensemble dans un bungalow. Nicole ouvre la Bible et tombe sur un passage du Nouveau Testament : la multiplication des pains. 

 

Le Seigneur m’a dit : « Tu me donnes tes petites capacités et  moi, la grande foule des pauvres je vais m’en occuper ».

 

A l’époque, à  Paris, l’exode rural est en augmentation. De nouveaux pauvres font leur apparition. Il s’agit d’anciens ouvriers agricoles avec trois sous en poche.

 

Les demandes d’aides alimentaires ne cessent d’augmenter.

 

En mars 1983, dans le journal La Croix, Sœur Cécile VIGOT dénonçait le gaspillage alimentaire. Cri entendu par une religieuse à Marseille ami d’un français canadien Francis Lopez créateur  en 1981 de la Food Bank (Banque alimentaire) au Canada. Il suffit de créer à Paris une Banque alimentaire. Francis Lopez vient à Paris et réunit  les associations. Il nous explique ce qu’est une banque alimentaire. Une banque alimentaire fonctionne par don et partage (dons entreprises agroalimentaires, grande distribution, dons particuliers). Toutes les denrées sont entreposées et remises intégralement auprès des associations de quartier (pas de remise par la Banque alimentaire elle-même). Tout est don et partage, certains donateurs règlent nos factures .

 

Les banques alimentaires sont donc spécialisées dans des tâches logistiques et sur le travail de collecte alimentaire. Les distributions de vivres ne se font pas directement aux personnes dans le besoin mais passent par différentes institutions partenaires (adhérentes) locales : associations caritatives et administrations sociales (centres communaux d’action sociale) qui se ravitaillent gratuitement auprès de la Banque alimentaire. Une banque alimentaire est en fait un « bras armé logistique » au service d'un réseau associatif local, et qui concentre ses moyens sur la centralisation des vivres et leur conservation. Elle est un intermédiaire entre les fournisseurs de vivres (entreprises, particuliers, pouvoirs publics) et les bénéficiaires (administrations, associations)

 

 

Ce projet n’est pas du tout dans les normes de la Société Française. Environ 10 personnes du monde associatif croyaient à ce projet.

 

Le constat était fait que, dans la même ville, des personnes étaient sous-nourries ou mal nourries alors que des surplus alimentaires étaient jetés. Le modèle consiste donc à aider des personnes en situation de précarité en captant les surplus alimentaires de notre société de consommation. C’est en soi révolutionnaire car l’histoire de l’aide alimentaire était jusqu’alors fondée sur le constat de pénuries alimentaires à combler dans l’urgence, et non sur celui d’un surplus structurel à redistribuer.

 

 

Au mois de juillet, création officielle de  l’association banque alimentaire et recherche d’un entrepôt.

 

Entre-temps, on m’avait offert un pèlerinage à Jérusalem. J’y rencontre Henri CATTA qui me dit : « Ton idée m’intéresse car j’ai crée une communauté de loubards dans le Vaucluse. Et je t’enverrai ainsi des membres de la communauté. Des pauvres au service des pauvres. »

 

En octobre, une enquête sur le mal-logement est entreprise. 3 jours après, par une lettre « attention pauvreté », les Evêques de France souhaitent lutter contre la pauvreté. 8 Jours après Jacques Chirac, président de l’Association des maires de France monte au créneau en interpellant le gouvernement socialiste.

 

Le projet est alors  évoqué dans les médias.

 

 

Le 24 octobre, je reçois un coup de fil du responsable de la F.E.R.T (fondation épanouissement et rénovation de la terre). L’association F.E.R.T. est créée fin 1981, indépendamment de l’initiative des céréaliers, par des personnes issues d’un groupe de réflexion philanthropique et spirituel, auquel appartenait notamment Jean Dupuis, alors Directeur d’Unigrains. Elle se veut alors être un lieu de réflexion indépendant des organisations et institutions, réunissant des personnes d’origines professionnelles variées et leur donnant l’opportunité de confronter des idées et des expériences à partir d’actions concrètes et en questionnant notamment la place de l’homme dans l’économie. Un Groupe chrétien s’était formé et ils avaient des projets en Afrique et il me proposait 2 à 4000 pains par jour pour des lieux d’accueil.

 

Quelques jours après, le groupe VIVAGEL nous propose 2000 poissons surgelés avec les bacs de congélation.

 

Le projet débutait donc par des pains et des poissons.

 

Notre problème restait l’entrepôt à trouver.

 

On nous parle d’une Eglise à Arcueil qui n’a jamais servi (900 m2)

 

A notre demande, cette Eglise est mise à notre disposition.

 

Au mois de juillet, notre conseil d’administration se réunit et nous décidons d’appeler le projet Banque Alimentaire de Paris et d’Ile de France. Elle est œcuménique.

 

 

Ouverture le 4 décembre. Nous avons récupéré des garçons de la communauté de Berdine (Henri CATTA).

Quelques mots sur cette communauté : depuis 1973, l’association Bergerie de Berdine accueille sans interruption des personnes en grande difficulté notamment toxicomanes et alcooliques.

En 1977 elle acquiert un hameau en ruine d’une quinzaine de maisons sur le plateau de Courennes à St Martin de Castillon dans le Vaucluse

La finalité de cette communauté est de permettre aux personnes dépendantes de retrouver dans l’abstinence totale une santé physique et un équilibre psychologique qui leur assureront une réinsertion réussie

Présence eucharistique dans la petite chapelle à Arcueil. Un échange incroyable entre les membres de la communauté de Berdine et nous, cela a duré à peu près deux ans

Je décide de faire une retraite silencieuse à Versailles. Je rencontre France qui m’a beaucoup soutenu.

 

Nous prenons rendez-vous avec les curés de paroisse de Paris pour instaurer des repas partagés dans les Eglises. Par exemple à la Trinité du mois d’octobre au mois de juin 200 à 300 repas sont servis.

 

En 1985, d’autres villes me demandent de créer d’autres banques alimentaires en rappelant le principe que tout est  Don et Partage. Pas d’achat de nourriture.

 

Environ 15 banques alimentaires en France

 

Création d’une Fédération pour éviter des dérives. Nécessité d’un permanent.

Problème : pas d’argent.

 

 

En octobre, Georgina DUFOIX Ministre m’appelle. Intéressée par la Banque Alimentaire souhaiterait en avoir une à Nîmes. Pour nous soutenir, un chèque d’une somme  importante est fait pour la Fédération et le développement logistique. Cette subvention se renouvelle tous les ans.

 

En décembre : naissance des Restos du Cœur.  Première collecte d’aliments pour nous sur toute la France. Cette opération s’est répandue dans la France entière fin novembre.

 

En 1996, Bruxelles vient me trouver pour créer une banque alimentaire en dehors de la France. Création de la FEBA (Fédération européenne des banques alimentaires).

 

21 pays actuellement

79 banques alimentaires départementales ou régionales

elles accompagnent 750.000 personnes

80.000 tonnes de nourriture répartie.

 

Grande unité du mouvement au niveau de la France et de l’Europe qui a pour finalité de restaurer l’Homme dans le Corps mais dans la Dignité.

 

C’est important de faire une relecture des évènements. Je sais très bien que sans l’appui du Seigneur nous n’aurions pas réussi. Une grande unité. Voilà pour la nourriture du Corps. Mais pas seulement, conventions passées entre les associations nécessité de restaurer l’Homme également dans la dignité. Un de mes grands soucis au début, c’était le défaut de coordination des associations. Comme nous étions en amont, on s’est permis de les réunir. Un véritable enrichissement.

 

En tant que Chrétien, l’homme ne vit pas seulement de pain. Si l’homme ne découvre pas l’amour du Seigneur.  Nouvelle Evangélisation.

 

L’évangélisation silencieuse :

 

 

Tout Homme sur cette Terre est un chef-d’œuvre unique de Dieu. Vous êtes tous frères vous n’avez qu’un seul Père qui est dans les cieux.

 

Tout Chrétien est un être de louange et de bénédiction. C’est notre vocation.

 

Nous avons à bénir chaque personne que nous rencontrons en la regardant et en faisant un geste invisible, et le plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un est  un signe de croix sur son front.

 

« Seigneur bénit ce frère, manifeste lui ta miséricorde. »

 

 

2012- Bernard Dandrel- 8 octobre

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L
J'ai travaillé avec Monsieur Bernard Dandrel qui était mon directeur au Crédit Mutuel de Nogent, pendant trois ans, c'était mon premier emploi et j'en garde un très bon souvenir, le meilleur directeur que j'ai eu durant toute ma carrière, j'ai beaucoup de respect pour son parcours.
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C
J aimerais avoir les coordonnées de Bernard Dandrel dont j ai croisé le chemin à Nogent le Rotrou dans les années 70 pour lui témoigner ma reconnaissance
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I
Bonjour Monsieur,<br /> Je rencontre M Bernard DANDREL vendredi soir, à cette occasion je pourrais lui transmettre vos coordonnées.<br /> Vous pouvez, si vous le souhaitez, me les transmette à l'adresse suivante : patrick.thomas@ymail.com<br /> Bien cordialement.
I
Très beau partage, quel beau parcours!<br /> Mais surtout qu'elle belle leçon d humilité à travers ce témoignage.<br /> Merci
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